jeudi, avril 26, 2007

Mardi 20 mars 2007 : Soirée "C'est mon choix" au Cercle Vineux !

Passée la tristesse de découvrir que quelques piliers du Cercle sont absents (une vague histoire de voyage d'étude en Espagne à laquelle personne ne croit un instant), nous nous réjouissons d'accueillir deux p'tits nouveaux, Michèle et Kunihisa (oulala faut retenir ce prénom avant que le cerveau ne nage dans les brumes éthyliques). Voir photos. On espère surtout qu'ils vont revenir...
Oui ce soir le thème est d'actualité, genre émission racoleuse et période préélectorale : chacun a amené le vin qu'il adooore, qu'il emmènerait sur une île déserte, l'élu de son palais quoi. Parce que si vous avez bien suivi les précédents épisodes, il était temps que le niveau remonte... Pas dans les bouteilles évidemment...
Question solide, pour une séance qui devait être light et "sérieuse", nous repasserons : moultes cochoncetés et fromajailles ont agrémenté la dégustation, en plus de préparations assez particulières : Lucia dans un beau geste biblique a multiplié les ramequins de pasta-mozza à l'infini, et Kunihisa nous a fait goûter un concentré de croûtes de fromages affinées pendant 350 ans dans du marc de riz collant. Enfin c'est comme ça j'ai perçu la chose (voir photo). Merci à eux pour ces expériences transcendantes, le Cercle Vineux c'est aussi ça !
Pour d'évidentes raisons de diversité voire d'hétérogénéité des vins, pas de notes cette fois. Amateurs de podium, à la prochaine !

VIN N° 1 :
Clair, jaune, brillant, un visuel de manuel d'oenologie. Le nez se cherche un peu, timide et flou. En bouche ça part dans tous les sens, c'est pas mauvais mais quand même : dissocié et indéfinissable, le vin semble hésiter entre plusieurs styles. Au final peu d'âme et peut-être une bouteille légèrement défectueuse.
Bouzeron 2004, Domaine A. De Villaine

VIN N° 2 :
Jaune paille à l'oeil (encore une histoire biblique non ?). Au nez on entend comme un cri si je puis dire : "RIESLING !!!" Très frais, ultra-typé (pour les alsakos bien sûr), entre fleurs blanches et produit ménager. Philou parle déjà de terroir gréseux hopla...
Pas mal celle-là non ? Bon je continue. En bouche le vin est très droit, dans le sens coincé, figé, corseté entre alcool et SO2. Il termine un peu brûlant, avec une sensation crayeuse. Au réchauffement on le soupçonne de nous avoir caché ses sucres ( que nous ne saurions boire... ).
Riesling Moenchberg 2003, Domaine G. Wach

VIN N° 3 :
Robe sublime, nez grandiose, bouche extraordinaire... J'arrête là, vous l'aurez compris, c'est "mon" vin. Façon de parler, car je donnerais père et mère pour l'avoir produit de mes petites mains celui-là.
Alors objectivement... A l'oeil il accuse quelques années, sûrement coupables allez savoir, et l'olfaction confirme : minéralité certaine, légère réduction, écorces d'agrumes, miel. Complexe quoi. En bouche le vin surprend par son caractère sauvage, violent, implacablement sec. Une acidité profonde, vertébrale et térébrante*, structure ce vin tel une cathédrale infinie... Salinité affirmée, incandescence baroque, singularité... comment ça je m'égare ? C'est mon vin que j'adooore quand même... Tout le monde n'est pas d'accord avec moi, je ne comprends pas !
Riesling Muenchberg 2001, Domaine J. Meyer
* Prononcez 20 fois très vite "vertébrale et térébrante" pour voir !

VIN N°4 :
Doré, un peu gras. Le nez ben il est où le nez... zut dans le bois. Le vin est sec, aillé (ne pas confondre avec l'alsacien "ah yeeh" qui ne veut pas dire grand chose), long, mais manquant quelque peu de définition. Surtout c'est sa face "bois" qu'il nous montre, et ça nous fait une belle jambe...
Jolie bestiole cependant, qui se bonifiera pendant la soirée. Enfin d'après celui qui s'est jeté sur le fond de bouteille vers 23h !
Côtes du Jura Fleur de Savagnin 2000, Domaine A. Labet

VIN N° 5 :
On passe au rouge, enfin au noir plutôt. Waouf le nez est... puissant. Pas la tête siouplait pas la tête ! Cabernetisant à souhait. Chacun redoute le moment de la mise en bouche, mais quand faut y aller... Massif, anguleux, rustique, c'est un maouss jus de cabfranc, capiteux en finale. Sans concession, c'est un vin de cacactère, brutos mais honnête.
Anjou Village Brissac 2003, Domaine Lebreton

VIN N° 6 :
Un poil moins de couleur, mais un poil. Fermé au 1er nez, je crains de le secouer, redoutant la morsure de la bête assoupie. J'essaie... du bois, je m'en doutais ! Une note oxydative fugace me fait penser à Mr Grenache. En bouche c'est un peu mutant, carrossé méridional et motorisé septentrional.
Késsésséstruk ? Ceci dit c'est bon, concentré mais pas trop, dommage qu'il comate ce vin. A attendre. J'ai dit à attendre !!! Eh non la bouteille est rincée en cinq minutes. Sobriété et tempérance, vertus cardinales au Cercle Vineux...
Givry Clos Salomon 2003


VIN N° 7 :
Sombre manteau, légère évolution. Arômes poussiéreux d'abord, vieux bois. Le nez s'ouvre et se précise ensuite : animal, lys, camphre. Prometteur le gaillard... En bouche tout le monde s'accorde à reconnaître là un grand vin à maturité : complexité, structure, longueur. Cuir et épices, avec encore du fruit frais, signature des plus beaux flacons. L'ensemble est fondu, harmonieux, tout en intensité. Un ange passe...
Bandol 1991, Château Pibarnon


VIN N° 8 :
Même style à l'oeil, mais un nez ultra-classique de Bordeaux "dans la fleur de l'âge". Petite déception en bouche pour moi : le vin n'est pas encore prêt (mais le sera-t-il un jour ?). Linéaire, presque plat, serré. Joli vin certes, mais renfrogné, bloqué, manquant d'âme. Il va falloir le regoûter dans 5 ou 10 ans... Ok Christophe ?
St Emilion Grand Cru 1986, Château Troplong Mondot