jeudi, juin 07, 2007

LA ROUTE DU SYLVANER !

Le Sylvaner est un cépage d'origine danubienne, certainement autrichien. Plusieurs hypothèses existent quant à son origine ampélographique (croisement, souche sauvage) ; il en existe diverses variétés, dont une rouge. Mais laissons ce débat aux spécialistes.
On en trouve en Allemagne, en Autriche, en Suisse (où il est appelé Johannisberg), en Hongrie, au Luxembourg, en Slovaquie et certainement ailleurs.

Son arrivée en Alsace se situerait autour du 17° siècle. Cépage très présent il y a 30/40 ans, il est en perte de vitesse inquiétante. Pourtant il s'adapte à de nombrux styles de vins et dispose d'atouts non négligeables.


On distingue 3 styles de vins :

– Les secs, légers, gouleyants, fins.
– Les vins de terroir riches et complexes : de ce point de vue le Sylvaner rejoint le Riesling.
– Vins de surmaturité type 1/2 sec, VT ou SGN, malheureusement non agréés sous ces dénominations.

Tentons un essai de classification stylistique, du Nord au Sud de notre région, chez quelques bons producteurs :

– Secs légers et gouleyants : Stoeffler, Loew (Westhoffen), entrée de gamme chez Seltz, Barth, Frick, Sipp Mack, Muller à Traenheim, Ostertag et bien d'autres.
C'est l'archétype alsacien (souvent très mal travaillé), mais qui trouve facilement sa place quand il y a le savoir-faire.

– "Eponges à terroir" :
Loew : Barriques
A. Seltz : Sono Contento Zotzentberg
Rieffel : Zotzentberg
P. Meyer : Zellberg
Hering : Kirchberg
G. Wach : Duttenberg
Kubler et A. bursin : Zinnkoepflé
Blanck : Vieilles Vignes (typé Chablis !)
Otter : Grand Cru Hatschbourg en 2004
Muré : Oscar
Dirler
Etc...

Le terroir historique du Zotzentberg a depuis 2005 le privilège de pouvoir revendiquer le Sylvaner en Grand Cru, suite au combat d'A. Seltz.
Alors qu'il y a d'autres terroirs à Sylvaner reconnus comme tels, l'arrachage bat son plein... Ex : Kirchberg de Barr, Zinnkoepflé, Marckrain, Furstentum, Steinklotz.
La plupart des bons terroirs à Gewurztraminer semblent être adaptés au Sylvaner.
Malheureusement moins il y a de surfaces plantées en Sylvaner sur un Grand Cru, moindres seront les chances de sa promotion. De fait peu de vignerons se battent pour lui.


– 1/2 sec, VT et SGN :
Loew : Préféré de Mathilde
Seltz : Colline aux Poiriers
Ruhlmann à Dambach : 1/2 sec
Otter : VT et SGN bien valorisés ai niveau tarif
Frick : Bergweingarten, Perle Noire
Seppi Landmann : style VT et SGN

Les vins de surmaturité réussissent très bien au Sylvaner, les équilibres sont bons, et les arômes assez complexes. Je pense que c'est une voie à suivre et à développer car ces produits marchent bien commercialement.


Conclusions :
Moins acide que le Riesling, souvent plus rond, tout en étant sec, le Sylvaner sait garder une identité alsacienne, voire rhénanne ; même si en Allemagne la Franconie est sa région d'élection.
Par contre il reste difficile à valoriser économiquement comme un Riesling, Pinot Gris ou Gewurztraminer. Le Sylvaner deviendra-t-il à la mode au niveau international comme l'est actuellement le Grüner Veltliner autrichien qu'on s'arrache dans les bars à vins de NewYork ou de Londres ? En effet le Syulvaner est un cépage plus fin et plus aromatique.
Un vin est le reflet de son vigneron. Le terroir est important mais le vigneron-artiste est le catalyseur, l'exégète, l'accoucheur d'un grand Sylvaner.

Philippe Graz

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